Elle ne le risque d’ailleurs pas, tant le chantier annoncé de la décontamination s’éloigne toujours plus. Encore une promesse de Jacques J.P. Martin non tenue ! En 2001, le maire clamait haut et fort qu’il règlerait dans les meilleurs délais ce problème qui empoisonne Nogent depuis 20 ans … et les riverains comme les anciens élèves de l’école depuis beaucoup plus longtemps. Sept ans après, toujours rien.
Irresponsabilité et électoralisme
Le bilan du préfet sur cette affaire, publié dans « Nogent le magazine » de septembre dernier, nous en a appris hélas ! un peu plus, et levé un coin du voile sur ce qui peut apparaître comme un détournement de fonds. Au début de l’année prochaine, juste avant les élections, et bien sûr à grands renforts de communication municipale, le maire va inaugurer l’école Léonard de Vinci (pompeusement baptisée « groupe scolaire européen » pour épater quelques Nogentais encore naïfs). Vous saurez maintenant que c’est en partie grâce aux sommes allouées à la décontamination du site Marie Curie, mais détournées de leur objet, que vous aurez droit à cette inauguration en fanfare.
Revenons sur l’historique de cette affaire, grâce au bilan du préfet. Au début de la mandature de Jacques J.P. Martin, une subvention de plus de 2 millions d’euros était accordée par l’Etat pour participer à l’assainissement du site. S’y ajoutait une participation du Fonds radium, qui peut s’élever « jusqu’à 50 % du montant des travaux, études comprises ». Dès 2002, au lieu de consacrer dans les meilleurs délais ces crédits au chantier auquel ils étaient destinés, le maire n’a rien trouvé de mieux que de faire réaffecter cette subvention au très coûteux programme de la nouvelle école Léonard de Vinci (9,7 millions d’euros). Il est vrai que les finances communales commençaient déjà à vaciller ...
Et puis on a laissé traîner l’affaire … Quatre ans plus tard, en 2006, le coût de la décontamination était enfin estimé : entre 2,2 et 5,9 millions d’euros, selon le scénario retenu (dépollution partielle ou totale). Une année passe encore … En 2007, le prix de cette dépollution est évalué à 7 millions d’euros, soit 1,1 million de plus que le haut de la fourchette annoncé l’année précédente. Curieuse inflation sur un an … La municipalité ne dispose toujours que des 2 millions initiaux, désormais inscrits en dotation communale (c’est bien le moins).
C’est en tout cas le beau prétexte pour justifier que la commune, dépassée par la hauteur de telles sommes, souhaite maintenant faire appel à un promoteur, pour participer aux frais de décontamination, en échange bien sûr d’un programme immobilier. Cela est tout simplement scandaleux. Est-ce à des intérêts privés de prendre en charge les frais d’un dossier de santé publique aussi lourd, lequel ne doit relever que de la puissance du même nom ?
La santé avant tout
Et voilà la façon insidieuse dont on est passé d’un grave problème de santé collective, toujours non réglé depuis 7 ans, à des questions urbanistiques et immobilières, dont on discute aimablement dans les réunions de quartier. Comme si tout avait été résolu depuis les promesses claironnées en 2001. Une fois de plus, c’est la pratique désastreuse des effets d’annonce, qui viennent en remplacement des actes et des missions qu’on accomplit pas.
Car c’est d’abord à l’Etat de financer le plus gros de cet assainissement, non à la seule ville de Nogent, qui n’est pas directement responsable des retombées d’une implantation industrielle remontant à un siècle. Encore faut-il utiliser les crédits à leur destination, quand ils ont été mis à disposition. Dans cette affaire, un maire responsable aurait soulevé les montagnes, au besoin avec l’appui de sa population, pour obtenir le maximum des instances nationales, puis employé à leur fin les fonds obtenus, sans perdre de temps.
Au lieu de cela, Jacques J.P. Martin a atermoyé, attendu les rapports, avant de dériver vers des projets d’urbanisme qui n’ont rien à voir avec l’urgence de la dépollution. Au demeurant, on s’interroge toujours sur le choix originel, à savoir la construction d’une école sur un site aussi soupçonnable. Aucune nouvelle des résultats de l’enquête épidémiologique entamée après le fermeture de l’école, et pourtant capitale pour apprécier les dégâts éventuels d’une telle implantation. La question reste en suspens, mais le maire, toujours si friand de communication, ne semble pas pressé d’y répondre.
Michel MASTROJANNI
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