Qu’a voulu montrer le « Chanoine d’honneur » de Saint-Jean de Latran en rendant visite au Pape Benoît XVI et en rappelant les racines chrétiennes de la France ? Voulait-il décidément faire rupture avec ses prédécesseurs en prônant la religion « comme un atout », ce qui est un coup de canif dans la laïcité constitutionnelle de la France de la part de celui qui la préside ?
On peut craindre une énième tentative de séduction, cette fois auprès du chef de l’Eglise catholique, tout de même un peu plus convenable que Khadafi et une semaine avant Noël. Pour mieux séduire le Pape, le Président a trouvé heureux d’introduire un mot magique, celui d’une vertu théologale catholique, l’Espérance. Utilisant les méthodes de la PNL (Programmation Neuro Linguistique) qui consiste à utiliser le langage de l’autre pour mieux « communiquer », il rejoint Benoît XVI pour qui « un monde qui doit se créer lui-même sa justice est un monde sans espérance ».
Si cette idée est envisageable pour un Pape qui se place dans la perspective de l’Eternité, elle est effrayante de la part d’un chef d’Etat qui fait ainsi comprendre à son peuple qu’il n’envisage pas de réduire les injustices qui l’accablent. La religion devrait leur permettre d’espérer le bonheur dans l’au-delà. N’est-ce pas cela qu’on appelle l’opium du peuple ?
Si les Présidents Giscard d’Estaing et Chirac allaient à la messe, si Mitterrand croyait aux forces de l’esprit, il s’agissait d’options personnelles qu’ils n’imposaient en aucune manière à l’ensemble des français. Si ce diable de Président a réussi à ce que tant de gens ont vendu leur âme et leurs convictions pour un portefeuille, un poste, une mission, un ralliement, est-il possible d’endormir la méfiance d’un Pape par quelques mots bien choisis ? Peut-il ne pas voir que celui qui préside la France depuis six mois exhibe jour après jour » sa jouissance du pouvoir de l’argent et du sexe » comme le dit la philosophe Marie-Josée Mondzain, ce qui est l’inverse des valeurs chrétiennes rappelées par la proximité de Noël ?
Catherine Garnier, le 24 décembre 2007
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