La France se maintient en tête du palmarès de la fécondité européenne depuis plus de cinq ans et des classes d’âge très nombreuses vont prochainement faire leur entrée à l’école primaire (plus de 7000 élèves par an dès la rentrée 2010). Il serait donc nécessaire, dans un souci de bonne gestion prospective, de penser à recruter des enseignants afin de garantir aux jeunes générations futures un encadrement convenable. Au contraire, depuis trois ans, le ministre de l’éducation nationale supprime des milliers de postes et il entend poursuivre dans les années à venir.
Cette politique absurde et critiquée même par l’UMP a dès maintenant des conséquences inquiétantes. Le recteur de l’Académie de Créteil vient de lancer un appel pressant aux chefs d’établissements. L’académie manque de professeurs, des remplaçants occupent des postes de titulaires, des vacataires recrutés à la va vite sont tous utilisés pour les remplacements et ….Il y a toujours des élèves sans professeurs ! Alors on bricole.
Dans son courrier le Recteur suggère de « faire appel aux assistant d’éducation » avec cet argument définitif : « comme leur nom l’indique ils n’ont pas une simple mission de surveillance », mais il suffit d’aller voir, sur le site du rectorat, les critères exigés pour la fonction d’assistant d’éducation pour comprendre qu’on est loin du compte : bac + 2 et « connaissance approfondie d’une discipline enseignée ». Rappelons que le Président de la République lui-même, trouvant que les quatre ans post bac minimum de préparation à un concours d’enseignement ne suffisaient pas, a décidé que les postulants aux fonctions de professeur seraient tous recrutés dorénavant à bac + 5. Précisons en outre que la fameuse « connaissance approfondie » n’est vérifiée par personne puisqu’aucun inspecteur n’est invité à la vérifier, l’assistant étant directement embauché par le chef d’établissement. Et rajoutons, pour faire bonne mesure, que ces jeunes recrutés n’auront évidemment pas la moindre notion de pédagogie ou de didactique. Imaginez un médecin recruté à mi-parcours d’études et sans aucune pratique hospitalière! Lui livreriez-vous votre santé ?
C’est à des « assistants d’éducation » que, sans que vous le sachiez, le rectorat envisage de confier (ou confie déjà pour certaines disciplines) vos enfants. Mais ce n’est pas encore la pire des possibilités ! Car le Recteur a encore une meilleure solution pour pallier le manque d’enseignants. Et il s’adresse ainsi aux chefs d’établissement : « Vous avez peut-être dans votre entourage personnel ou parmi votre population de vie scolaire, des étudiants ou des personnes titulaires au minimum d’une licence ou ayant des compétences avérées… », alors « en cas d’urgence, vous pourriez installer immédiatement la personne que vous aurez choisie… ». Vous avez bien lu, la notion de compétences avérées n’a en réalité aucun sens, il n’est plus question du moindre niveau de connaissances et le principal, le proviseur, sont tout simplement dispensés de vérifier le niveau des personnes qu’ils vont recruter, ils sont incités à embaucher n’importe qui, parent, ami ou passant, pour faire cours à vos enfants.
Voici à quelles aberrations pédagogiques conduit la politique du gouvernement. C’est la jeunesse et son avenir qui sont, à terme, sacrifiés. Le 13 octobre 2009 Nicolas Sarkozy s’exclamait dans un discours sur le lycée : « s’il est une chose dont notre Ecole ne doit jamais manquer c’est d’ambition pour nos élèves » et, plus loin : « nous faisons la réforme dans l’intérêt des élèves pas pour économiser de l’argent ». Parents, vous pourrez constater que, comme toujours, il y a chez monsieur Sarkozy les envolées lyriques, les promesses mirifiques des propos d’estrade et les restrictions de crédits et de personnel du monde réel, celui où vivent vos enfants.
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